✤ Au bout du Sillon, des squelettes du Moyen-âge
Le patrimoine archéologique n’a pas encore été précisément étudié sur la Réserve naturelle et les informations disponibles sur le sujet concernent le plus souvent des secteurs à proximité, comme l’Archipel d’Ollone, qui semble toujours avoir été un lieu d’intérêt pour des activités humaines comme en atteste la présence d’outils du Paléolithique, d’amas coquillés, fragments de céramique et silex taillés du Néolithique et la découverte, en 2009, de sépultures datant du Moyen-Age.
Depuis cette date, les archéologues du Creaah de Rennes (Centre de recherche en archéologie, archéosciences et histoires) et les agents de la Réserve, dans le cadre du dispositif Alert (Archéologie littorale et réchauffement climatique), portent une attention particulière au site de Roc’h Louët où se localise la nécropole. Sur place, l’observation des sépultures par les archéologues a montré que les ossements, qui se trouvaient dans un dépôt coquillier de plus d’un mètre d’épaisseur, avaient été remaniés post-mortem après l’enfouissement (les os les plus longs étaient disposés en fagot sous le crâne) confirmant l’hypothèse d’une nécropole. Une étude anthropologique réalisée en 2010 sur deux squelettes sauvegardés au laboratoire sont attribués à des individus âgés d’une vingtaine et d’une trentaine d’années ayant vécu au 13ème ou au 14ème siècle. A cette période, il y a une très forte occupation religieuse dans l’archipel de Bréhat où toutes les îles abritaient des fondations religieuses, des monastères et des ermitages. On peut donc imaginer qu’à Roc’h Louët, il s’agisse également d’un cimetière de moines.
La dernière visite des archéologues à Roc’h Louët remonte à mars 2015. A cette occasion, un prélèvement de sédiments avait été réalisés dans différents niveaux afin d’en étudier le contenu. Le tamisage au laboratoire a mis en évidence une grande proportion de berniques, du charbon de bois et de la poterie. Le charbon de bois a permis de dater l’amas coquillier (4e et 3e siècles av. J.-C). L’occupation protohistorique pourrait se situer plus à l’intérieur de l’île, mais aucune trace d’occupation n’est visible actuellement sur l’île. Ce constat peut être lié à l’important couvert végétal présent sur cette île. L’amas coquillier a été fortement endommagé par l’érosion côtière et risque de disparaître dans les prochaines années